... il y eut une drôle d'idée.
Ca faisait plus d'un an que je jouais à Forge of Empires, bien content de faire évoluer ma seule et unique cité sur Noarsil, et pas spécialement motivé par l'idée d'en créer d'autres. Et puis, je me suis dit que ce serait amusant de jouer avec d'autres objectifs. D'où l'idée saugrenue de me lancer un défi : faire évoluer une ville en m'imposant les contraintes suivantes :
- raconter une histoire au travers de snapshots réguliers
- composer les cités les plus belles possibles
- ne pas changer d'âge sans avoir construit tous les GM de l'age en cours
Direction Odhrorvar pour l'aventure...
Première grosse difficulté que je n'avais pas anticipée : à l'âge de bronze, point d'investissement sur les GM d'autrui, ce qui veut dire pas de plans récupérables par ce biais. Il va falloir se palucher tous les plans en POMO, quêtes, events ou autres. Ca va être long ! Qu'à cela ne tienne, voilà une première étape modeste, mais néanmoins satisfaisante.
Mars la Science, architecte et bâtisseur, a organisé son village de la façon suivante :
Au nord, point de corons, mais un hôtel de ville. A immédiate proximité en direction de l'est, le quartier des nobles, constitué d'une luxueuse maison longue et de deux maisons sur pilotis. L'essentiel des autres habitations sont des chalets disposés en ligne sur un axe du sud à l'est.
A la pointe est, on trouve quatre chaumières accueillant des fermiers officiant dans l'exploitation fruitière du village. A noter un quartier isolé à proximité qui regroupe une petite communauté de gens superstitieux qui vénèrent autour d'un mémorial les esprits de leurs ancêtres selon les religions désuètes de l'âge de pierre.
Au centre du village se trouve le bâtiment le plus important, l'école, qui éduquera les générations futures. Pour inspirer les jeunes esprits, le bâtiment est entouré d'un cercle de pierre, lieu de réflexion et de recueillement, et du premier grand ouvrage de Mars, une statue monumentale de l'Oracle de Delphes. Adossée à l'école, on trouve une poterie qui fournit un lieu d'apprentissage pour les plus manuels.
L'Oracle de Delphes jouxte également le quartier militaire, composé de cinq bâtiments : caserne de lancers, camps de frondeurs, écurie de cavaliers, caserne de guerriers et atelier d'onagre. Pour entretenir leur armement, un forgeron leur est dédié.
Un second forgeron s'occupe des outils des ceux qui exploitent les ressources de l'environnement de la ville : les ouvriers de deux scieries et de deux ateliers de marbres. Entre ces derniers, un espace réservé aux artistes de la pierre et aux jardiniers.
Pour distraire tout ce petit monde, travailleurs et soldats, la taverne distille les meilleurs breuvages. Ca fait un paquet de pochetrons, mais des pochetrons heureux. Car dans ce village, l'équilibre est parfait : l'intégralité des habitants est employé. Même pas un petit mendiant !
C'est trop beau pour durer...
Une fois la cité installée et sa population bien employée, Mars la Science put se concentrer à la réalisation de ses grands ouvrages. Pour cela, il recruta les trois étudiants les plus brillants de la ville, les installa dans un sanctuaire de l'inspiration et les mit à l'ouvrage pour préparer les plans de deux monuments.
Pendant ce temps, le travail du marbre progressait. Zanni, le meilleur sculpteur de la ville, installa dans les jardins de l'école une statue du plus bel effet.
Au bout d'un temps qui lui sembla bien long, Mars fit ériger la tour de Babel, dont l'objectif premier était d'agrandir les capacités d'accueil de la cité. Etonnement, le lieu vit converger à lui nombre de travailleurs spécialisés dans l'exploitation des ressources naturelles.
Quelques années seulement après, l'utilisation du désormais célèbre marbre de Mars vécut son apogée sous la forme d'une gigantesque statue de Zeus, père des dieux de la cité.
Mars, premier du nom, s'éteint paisiblement un jour dans son sommeil, heureux du travail accompli et surtout de voir que les jeunes générations bouillonnaient d'idées pour faire évoluer l'architecture de la ville.
Que de changements depuis la mort de Mars la Science !
En même temps, l’évolution de la cité s’est faite dans le respect de l’esprit de son fondateur. Pour marquer cet attachement, les nouveaux maîtres de la cité ont déplacé les premiers grands ouvrages de Mars, la statue de Zeus et l’Oracle de Delphes, à proximité de l’hôtel de ville. Entre les deux fut érigé un panthéon. Mars repose en son centre, entouré des plus grands personnages de la cité, généraux et savants. Les militaires, qu’on sait friands de divination, de culte guerrier et de reconnaissance se sont logiquement installés à proximité des trois ouvrages.
Le commerce s’est également développé, notamment grâce à un port fluvial installé à l’ouest de la cité. Un phare monumental, conçu par l’architecte Alexandrie, a été érigé à proximité pour guider les navires jusqu’à lui. Le peuple ayant développé une goût prononcé pour la viande, les exploitations fruitières ont laissé place à des élevages de chèvre. Une boucherie renommée, située près du port, prépare les viandes produites sur place et importées.
Du côté de l’exploitation des ressources, les scieries ont évolué en menuiseries d’ébène à plus forte valeur ajoutée. Quant aux ateliers de marbre, ils furent reconvertis en ateliers de calcaire, matériel moins noble, mais permettant des constructions autrement plus ambitieuses.
Ce sont justement quelques ouvrages imposants qui font désormais la renommée de la cité et la satisfaction de ses habitants. On fit d’abord construire un arc de triomphe à la gloire des succès militaires, puis des bains publics pour la détente. Mais ce fut sans conteste la construction d’une arène colossale, le bien nommé Colisée, qui marqua l’apogée de cet âge.
Pour parachever l’affichage de sa fierté, la cité expose sur la voie publique quelques chefs d’œuvre ornementaux. Le sculpteur Zanni est particulièrement reconnu pour son art. Trois de ses célèbres masques sont mis en avant. Les deux premiers ont été placées aux deux entrées principales du phare d’Alexandrie. La dernière, la plus belle, est au centre de la place de Zanni, et fait face au Colisée.
Surplombant la place de Zanni, on trouve enfin une majestueuse porte de marbre construite selon les plans d’un artiste appelé Napoléon. L’homme est célèbre, pour son talent mais aussi pour sa folie flamboyante. Si vous visitez la cité de Mars, vous le croiserez peut-être sur son étalon, vociférant ses illusions de grandeur.
La cité, désormais appelée Champs de Mars, a pris un air bien sombre, et pas seulement de par la couleur brune de ses bâtiments. Le Haut Moyen-Âge fut sans conteste un âge de violence.
La guerre, tout d’abord, fut présente sans discontinuer. Pas étonnant dans ces conditions que l’hôtel de ville prit la forme d’une place forte prête à résister aux sièges les plus longs. Sans surprise non plus, le quartier militaire occupe le centre de la cité. L’Oracle de Delphes continue d’en faire partie, plus par tradition qu’autre chose, car les soldats puisent maintenant leur courage dans la chrétienté. On trouve donc à proximité des campements un monastère et la cathédrale noire d’Aix-la-Chapelle.
La violence de l’époque ne s’est pas trouvée que dans les champs de bataille, mais aussi dans les rues de la ville. Pour répondre à cette menace, les exécutions publiques sont devenues monnaie courante. Le fait que le peuple se pressa au spectacle au détour du marché et prit l’habitude de fêter chaque pendaison à l’auberge en dit long sur l’état d’esprit de l’époque. Cependant, les maitres de la cité surent faire de cette menace une opportunité. En effet, un deuxième échafaud fut dressé face à la cathédrale. Nombre de criminels y furent conduits et mis devant le choix soit d’y mourir, soit d’intégrer un camp militaire très particulier. Celui-ci fut vite surnommé par la population le repaire des voyous. L’initiative fut heureuse, car les gredins se révélèrent des soldats aussi vicieux que redoutables.
La guerre et les conquêtes eurent quelques bénéfiques secondaires notables. Tout d’abord, les expéditions les plus lointaines furent l’occasion de nouer des contacts avec des civilisations exotiques fort intéressantes. Une d’elle en particulier établit dans la ville une ambassade, baptisée la tour de garde du ciel sacré. A proximité fut construite selon leurs coutumes un temple pyramidal qui accueille de grandes richesses culturelles. Non loin de là fut également bâti l’Hagia Sophia, gigantesque musée regroupement l’ensemble des œuvres pillées par les armées de Mars. La collection d’œuvres, bien qu’entachée de sang, connue vite une renommée à l’échelle de la taille du monument.
Pour le reste, le commerce s’orienta vers l’artisanat des peaux et des souliers. La cité se mit également à exploiter le cuivre et le miel, dont la douceur apaisa aux moins en partie l’âpreté de l’époque.
Si le Moyen-âge classique s’inscrivit en partie dans la continuité de la période précédente, avec ses guerres et ses conquêtes, il fut sans conteste moins sombre et plus spirituel.
Le catholicisme prit un essor indéniable, comme l’atteste nombre de monuments à sa gloire. A la cathédrale d’Aix-la-Chapelle, toujours majoritairement fréquentée par la population militaire, s’est d’abord ajoutée la basilique Saint-Marc, lieu de culte mais également d’échange des nobles de la cité. Cette ségrégation entre les différentes castes de la population se réduisit avec la construction de la cathédrale Notre-Dame, lieu de célébration et de mixité sociale.
Le développement de la production de briques offrit une couleur ocre à la cité. Pour nourrir la population, les premières exploitations céréalières de grande taille firent leur apparition. Cependant, une grande partie de la production de ressources fut tournée vers l’exportation. La manufacture de corderie de qualité et les nombreux élixirs produit par les alchimistes de Mars firent la réputation de la ville à cette époque.
Les échanges culturels avec les civilisations lointaines rencontrées au fil des expéditions se développèrent également de façon très importante. Une souveraine égyptienne s’installa même de façon durable dans la ville, offrant à son arrivée un obélisque du plus bel effet. Elle fut suivie quelque temps plus tard par un peintre venu du nord qui bouscula les codes des artistes locaux. Une exploratrice de renom installa également de nombreux animaux exotique dans une grande ménagerie où la population aimait à se rendre. Et puis surtout, Mars ouvrit ses portes à de nombreux immigrés qui installèrent des campements aux quatre coins de la ville, apportant richesses, force de travail et nouveautés culturelles.
Tout cela se mis en place de la façon la plus harmonieuse possible, jusqu’à une nuit de panique où apparu comme par enchantement un bâtiment gigantesque, fait de matériaux inconnus qui semblaient s’auto-assembler comme par magie. L’armée fut appelée et s’évertua dans un premier temps à essayer de stopper ce qui apparaissait être une menace, en vain. Une fois le bâtiment achevé, le peuple ne put que constater sa bienveillance, car il leur livrait des ressources et des connaissances inespérées. Cette arche fut alors vénérée comme un don de Dieu, même si les esprits les plus éclairés y virent plutôt un cadeau venu du futur ou d’une civilisation extra-terrestre. Quoi qu’il en soit, elle accéléra sans conteste les recherches des savants de la cité, propulsant sa renaissance.
La Renaissance fut un âge de prospérité dans tous les domaines, militaire, scientifique, culturel, religieux et commercial.
L'armée régulière renforça ses lames, ses armures, la portée de ses arcs, et on mit au point les premiers canons à poudre. Tout cela fut permis grâce au Castel del Monte qui, sous ses airs de forteresse, fut surtout le lieu de recherches poussées dans l'art de la guerre. La citée développa en complément une flotte de corsaires qui apportèrent un avantage stratégique indéniable. Le vaisseau amiral de la flotte ne revenait jamais de campagne sans que ses soutes ne regorgent de richesses. Les pirates se révélèrent aussi de remarquables chercheurs de trésors perdus. Sans surprises, les repaires de voyous s'installèrent à leurs côtés. Autant dire que le quartier nord de la ville eu vite mauvaise réputation.
La soif de connaissance caractéristique de cette époque ne servait pas que l'armée, bien au contraire. Une académie des sciences fut créée, ainsi qu'une magistrale bibliothèque, à proximité immédiate. Enfin, une faculté spécialisée dans la cartographie fut installée près du port maritime.
Le commerce s'orienta vers la production de laiton et de talc. C'est l'exploitation de ces ressources qui alimenta majoritairement les caisses de la ville. Cependant, c'est surtout la production d'alcool, en particulier celle d'une bière divine qui fit le prestige de l'époque. Fort logiquement, la tonnellerie se développa en soutien de cette activité.
La religion se développa plus modestement. Le plus notable fut l'apparition d'une nouvelle branche du christianisme, l'orthodoxie, dont la Cathédrale Saint Basile fut sans conteste le chef d'oeuvre architectural de l'époque.
Le quartier antique situé au sud de la ville fut choisi pour organiser des manifestations sportives attirant des athlètes du monde entier. Un nouveau sport, la balle au pied, rencontra un succès particulièrement important. La ferveur populaire atteignit son comble lorsque l'équipe locale devint championne.
Nous conclurons sur un point qui peut paraitre anecdotique, celui de la création du premier club de vacances. La tour de Babel fut en effet convertie pendant un temps en résidence hôtelière jouxtant un ensemble de divertissement sur pilotis. On raconte qu'on y trouvait toujours du soleil et des nanas...
L’âge colonial fut un âge d’expansion, de commerce, de précision et d’élégance.
Portée par le développement de ses capacités maritimes, la cité poussa plus loin encore l’exploration de nouveaux territoires et établit par la même occasion de nombreux partenariats commerciaux. Autour du port, on trouvait donc une fabrique de voiles, dont la production servait aux bateaux de la flotte et s’exportait également très bien. Quant aux produits importés, ils faisaient le bonheur de la population locale qui accourrait à chaque nouvel arrivage au comptoir du commerce ou chez les vendeurs de produits exotiques.
La cité importa de nouvelles techniques de productions remarquables. Des contrées du nord, les explorateurs ramenèrent le perfectionnement de la meunerie. Du sud, ce furent la torréfaction du café et les plantations de tabac, le cigare étant très en vogue à l’époque malgré ses effets délétères sur la population.
Les nombreuses recherches menées autour du travail du métal donnèrent lieu à de nombreuses avancées techniques, mais aussi à une nouvelle forme d’exigence de précision et d’élégance. On vit apparaître des tréfileries capables de produire des fils métalliques à peine plus épais qu’un cheveu. Puis, l’horlogerie se développa. On disait même que la tour de l’horloge, construite au cœur du quartier du savoir, donnait toujours l’heure à la seconde près. Les lames s’affutèrent également, ce qui eut plusieurs conséquences notables. Les jardiniers se lancèrent dans des concours de sculptures sur buisson, avec des résultats exceptionnels. Des coiffeurs de plus en plus renommés s’installèrent dans la ville et on vit apparaitre sur la tête des femmes les coiffures les plus exubérantes. Dans un registre différent, on inventa la guillotine, qu’on trouva être un moyen d’exécution bien plus civilisé que la pendaison. Certains regrettaient tout de même que tout ce sang gâche la qualité du spectacle.
La guillotine fut installée au milieu d’un quartier résidentiel réservé à l’armée non-régulière. Il faut dire que le nombre de repaires de voyous, tels qu’on les surnommait encore, avait considérablement augmenté, au point qu’il avait été jugé judicieux de garder cette masse de mercenaires éloignée de la population. Quant à l’armée régulière, toujours située à proximité de l’hôtel de ville, elle évolua sensiblement, en particulier grâce à l’invention des mousquets et des premières grenades à main.
On ne saurait conclure la description de l’âge colonial sans évoquer les deux monuments architecturaux les plus remarquables de l’époque, construits de part et d’autre de la Cathédrale Saint-Basile. Au nord, la Cathédrale luthérienne de Dresde et son dôme magnifique ; au sud, le château de Deal, dont la beauté des jardins extérieurs n’avait d’égal que l’avantage défensif qu’il apportait à la cité.
L’âge industriel, comme son nom l’indique, fut marqué par un développement essentiellement orienté vers la production manufacturière.
Jamais la cité ne fut aussi riche en usines de toutes sortes. Les progrès de la chimie furent particulièrement déterminants. Une usine dédiée fut construite, alimentant en produits de base des fabriques de caoutchouc et de céramique. La cité exploitât aussi de façon intensive ses champs de coton pour produire du textile de grande qualité. Elle importa enfin de ses expéditions lointaines les techniques de cultures en terrasses. Toutes ces productions étant gourmandes en eau, une station de pompage fut construite.
Le développement des armes à feu fit apparaître un ensemble d’armuriers, fréquentés par la population devenue avide d’armes de poing. Mais c’est bien évidemment l’armée, installée à proximité immédiate, qui en profita le plus. Mis à part une écurie de hussard, vestige d’une époque où le combat se menait au corps à corps, les troupes d’infanterie, de fusiliers ou de mortiers firent parler la poudre. Cependant, la taille de l’armée régulière se réduisit, laissant toujours plus de place aux fameux mercenaires « voyous ».
Tous ces développements technologiques furent permis par les universitaires réunis au sein de sanctuaires du savoir toujours plus nombreux, mais pas seulement. L’époque vit en effet apparaître quelques spécialistes en sciences occultes, que beaucoup appelaient les savants fous. Ceux-ci entreprirent d’exploiter des énergies démoniaques puisées au travers d’une porte sombre et d’une tour qu’on disait hantée.
L’apparition des sciences occulte et la recrudescence des voyous dans les rues de la ville plongea la population dans une réelle inquiétude. Pour pallier à ce problème, un saloon fut construit, concentrant la débauche d’alcool et de sexe dans un lieu dédié. Un poste de police fut construit à proximité, au centre du quartier résidentiel, afin d’assurer la tranquillité des honnêtes gens.
Le quartier résidentiel était essentiellement constitué de maisons victoriennes plutôt cossues, mais il était de taille limitée. L’explication réside dans la décision de loger l’ensemble des fonctionnaires dans un nouveau et gigantesque bâtiment administratif, le capitole.
L’autre grand monument de cette époque fut tourné vers la culture. Il s’agît du Royal Albert Hall, salle de concert somptueuse mais nullement élitiste. Les spectacles nombreux étaient accessibles à tous. On dit même que cette démarche d’ouverture culturelle stimula grandement la production des masses laborieuses de la cité. Et pour ceux qui préférait la sérénité d’un cadre naturel plus intimiste, un très joli parc avec carillon et pavillon fleuri fut construit à proximité de l’Hagia Sophia et de la basilique St Marc.
Archibald Mars jeta un oeil à droite, puis à gauche, avant de courir vers le mur nord du bâtiment. Une vague d'excitation menaça de le submerger, mais il la contint. Ce n’était pas le moment de se faire surprendre par la sécurité. Tout en sortant le premier pain de plastique de sa besace, il repensa à l’histoire de sa famille.
Archibald se remémora la joie qu’il avait, enfant, à parcourir les livres d’histoire de la Cité, et la fierté de se savoir le descendant direct de son fondateur. Une citée portée par la recherche de la connaissance, de l’art, avec en premier lieu ses grand monuments. Une cité visant à préserver une harmonie sociale et toujours ouverte sur le monde. Chaque chapitre de son histoire s’était accompagné de progrès dans chacun de ces domaines. Archibald avait grandi avec cet idéal, il s’était construit sur ces valeurs. Il en avait été tellement heureux. Oui, mais…
Un bruit interrompit les pensées d’Archibald. Vite, il longea le mur pour rejoindre le pilier opposé. Après avoir vérifié les alentours, il posa sont deuxième pain de plastique.
Archibald connaissait le bâtiment par cœur pour en l’avoir parcouru en long, en large et en travers du temps où son grand-père était encore la maître des lieux. Il emprunta une porte dérobée et se faufila jusqu’à un point qu’il savait névralgique. Une troisième charge placée là-bas, et l’affaire serait jouée. Toute l’aile nord s’effondrera, préservant le quartier des domestiques.
Il venait à peine de terminer quand il entendit cette voix si reconnaissable. « Très bien, il est rentré chez lui, comme prévu », pensa Archibald en serrant les dents. Plus qu’à attendre qu’il monte.
Durant ce temps, Archibalde continua à penser…
Pour Archibald, la cité commença à perdre son âme avec l’apparition des centres d’affaire et des centres commerciaux. La recherche de l’harmonie laissa place à la recherche de toujours plus de profits.
Des milliards en or amassés dans les caisses…
Des tonnes de marchandises produites chaque jour…
Des quantités de ressources dilapidées, épuisant l’écosystème alentour…
Et toujours, toujours, cette recherche de croissance qui finit par faire perdre son sens au progrès.
Et cet homme qui finit par prendre le contrôle de cette cité en perdition et par en devenir le symbole. C’en était trop pour Archibald. Il fallait faire quelque chose….
Archibald sortit du bâtiment, il se posta à distance raisonnable et sortit le détonnateur. Archibald pressa le bouton et le Capitole illumina la nuit d’hivers dans un vacarme assourdissant.
Mouahahaha ! » Archibard exulta.
DANS TON CUL, DONALD TRUMP !
Le chant des sirènes s’intensifiait. Demain, il ne restera que des cendres là où se dressait le Capitole. Quant à Archibald, il sera loin.
FIN.